Traditionnellement, la nuit noire de l’âme est un terme du mysticisme occidental faisant référence au dépouillement de son identité pour s’ouvrir au Divin. La nuit noire de l’âme consiste à apprendre à se libérer de notre égo et de nos conditionnements. Nous pouvons ainsi reprendre le contrôle de notre vie afin d’être en alignement avec nos désirs profonds. Il s’agit de tourner tous ses besoins et attentes vers le Tout, Dieu, l’Univers, la Source, la Nature et avoir confiance en la Vie.
La situation à laquelle notre esprit est confronté en abandonnant le contrôle au Divin est comme si nous voulions enfermer de force un oiseau dans une cage. Si on libère l’oiseau et qu’il revient à nous, alors il nous appartient. S’il s’envole, alors il n’est pas à nous, et en réalité, il ne l’a jamais été.
C’est pareil avec tous nos attachements et nos possessions. Les personnes et les expériences. Nous devons les libérer et les laisser partir. S’ils reviennent, ils sont à nous.
Le processus nous amène à l’épuration. À vider notre être de nos besoins, et à faire de la place pour le Divin, afin que nous puissions devenir et être un vaisseau conscient. La nuit noire de l’âme peut être une expérience terrifiante si nous ne sommes pas conscients de ce qui se passe. On peut avoir l’impression que toute notre vie et notre identité sont dépouillées. Pas de mensonges ici, c’est le cas.
Nous passons à une transition de non-être. Cet endroit où nous ne sommes plus. Cet endroit où nous sommes complètement à la dérive. Cet endroit qui semble nous emmener dans les abysses. Comme si nous étions uniquement les débris d’un bateau qui a fait naufrage. C’est ce lieu de rien, un lieu de non-forme, de non manifesté.
Un lieu où tout est possible. Car quand il n’y a plus rien, c’est qu’il y a tout.
C’est un lieu mystique du jeu enfantin innocent et spontané. C’est un lieu sans limites, sans frontières où toutes les possibilités existent et où rien n’est refusé. C’est vivre dans le mystère de la création.
C’est la perfection du feu sacré de la création dans toute la splendeur du chaos de l’infini. C’est là que nous nous ouvrons aux besoins du moment sans attente de résultat. Le but ultime à la sortie de la nuit noire de l’âme, c’est de développer autant que possible notre propre relation avec la Source et ce monde du non manifesté qui permet d’être dans le ici et maintenant.
Pour avancer vers ce lieu du “ rien ”, nous devons oublier qui nous sommes, ce que nous représentons, de ce que nous espérions accomplir. Il s’agit de renoncer à tout ce que nous pensions valide, et qui était en fait une machination brillante de notre égo. La plupart de ce qui doit être abandonné est ce bagage de pensées conditionnées que nous portons en nous depuis notre enfance, et que nous n’avons jamais vraiment choisi de libérer. Car oui, nous avons choisi de ne pas le libérer.
Pourquoi souffrir ?
Ce bagage, nous le portons simplement avec nous parce que nous l’avons depuis notre naissance, que c’est comme ça, et que de toute façon, c'est de cette manière qu’il faut faire.
La nuit noire de l’âme se délecte de nos illusions et détruit toutes ces idées préconçues.
À son image, nous pouvons ressentir une période d’isolement très sombre, où nous nous mettons en retrait de tout, et de tout le monde. Cette étape de la solitude et de l’isolement, est souvent nécessaire pour créer une situation dans laquelle nous sommes coupés de certaines personnes, expériences et environnements afin d’éliminer l’interaction constante avec eux. Cela permet à cette prise de conscience réformatrice de se développer sans aucune entrave extérieure.
On ne sort pas un gâteau du four avant qu’il ne soit cuit.
Parfois, la conscience qui doit se développer est si différente de la personne que nous étions auparavant que les autres ne pourraient pas comprendre ce revirement. Si vous ne ressentez pas le désespoir d’une nuit noire de l’âme, vous flotterez probablement dans la vie en vous identifiant inconsciemment aux valeurs et aux attentes de la société. Vous ne saurez pas qu’il y a quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui appelle une réponse de votre part. Vous ne pourrez pas ressentir cet appel sourd et lancinant de votre âme qui n’attend qu’une seule chose : le réveil. Elle crie à l’aide.
Un fort sentiment de soi émerge lorsque vous agissez en conscience. Et c’est là que vous réalisez que vous n’êtes pas celui qui souffre, mais qu’en réalité, c’est le monde autour de vous qui souffre.
Mais quand se finit une nuit noire de l’âme alors ? Il n’y a pas vraiment de début, ni de fin. Pas de date limite. Mais un jour, vous vous réveillez, et vous comprenez. Vous enlevez les restes de votre peau, car vous avez mué. La personne que vous étiez hier n’est plus, et ce n’est pas grave. Vous ressentez seulement ce sentiment indéfinissable de plénitude, de joie, mais aussi de peur, car quand vient le bonheur après le désespoir, on ne sait plus comment l’accueillir. On trébuche, on apprend, mais surtout on se sent vivant, peut-être pour la première fois de sa vie.
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